En repartant du marché, j’apprends avec Marion que la Conf Paysanne tient une réunion le soir même. C’est Yannick qui doit y aller.
Je me précipite vers Yannick pour lui demander si je peux m’incruster. Après avoir demandé à l’hôte, oui c’est bon je peux venir !
Miam, chacun a ramené un casse-croûte
Le soir on embarque en covoit avec Jean-Pierre, Frédéric, Ludovic et Yannick (ya comme un hic dans l’histoire). Direction Saint-Prix. Jean-Pierre a tenu pendant longtemps une ferme-auberge maintenant il est à la retraite, Frédéric lance son exploitation de châtaigniers alors que Ludovic arrive bientôt à la retraite après fait la même chose.
On arrive dans un joli petit endroit en haut d’une colline, Charles et sa femme (oupsi j’ai oublié le nom) nous reçoivent. Bon pour l’instant, on est que des mecs.
On s’installe les gens arrivent petit à petit et on rétablit un peu la parité.
La réunion commence, c’est Odile, salariée à l’ADEAR (Association pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) qui préside la réunion.
Chacun se présente : il y a des maraîchers, des éleveurs, des exploitants de châtaigneraie, des pépiniéristes, des retraités.
La grande majorité semble propriétaire ou exploitante, une autre partie est retraitée et enfin les salariées et ouvrières (bizarrement que des femmes dans ce cas) forment chacunes un tout petit contingent. Il y a même un vétérinaire.
À l’ordre du jour :
- Journées thématiques de l’eau, festival Vernoux 2024
- Festival du film
- Fête de la Conf le 23 septembre
- temps convergence des luttes
- Infos locales
Journées thématiques de l’eau
Le sujet de l’eau anime une bonne partie des discussions. Il faut dire qu’en Ardèche, toutes les localités ne sont pas forcément reliées à un réseau de distribution. Chaque commune et ferme se débrouille comme elle peut. Par exemple Saint-Jean-Chambre dispose d’une borne communale d’eau. Certains demandent l’extension du réseau d’eau mais pour l’instant, on leur propose des solutions de secours comme la banque d’eau (des points où l’on amène l’eau par citerne) qui deviennent souvent permanentes.
Le problème majeur des réseaux d’eau est évidemment le coût d’entretien des réseaux. Pour l’Ardèche, le chiffre de 40 à 50% de fuites est avancé. Lorsque le réseau a une régie publique, ça coûte déjà cher, mais quand en plus c’est un régisseur privé comme Veolia, alors on peut avoir des surfacturation de l’ordre de 50%.
Donc le mieux reste peut-être de trouver des solutions locales qui tiennent le coup. Certaines communes imaginent par exemple des nappes phréatiques artificielles.
Dans tous les cas, en 2026 aura lieu un petit séisme : les compétences eau et aissainissement seront transférées automatiquement aux communautés de communes alors qu’elles étaient la prérogative des communes auparavant (qui pouvait faire appel à un régisseur privé). Cela entraîne un certain nombre de débats surtout pour les maires de montagne qui ne pourront plus gérer eux-même l’eau. Bon je ne rentre pas plus dans le mille-feuille administratif et les visées politiques de la loi, on risque de s’y noyer.
Cependant, on ne peut pas ignorer la vache au milieu du couloir qui est l’utilisation faite de cette eau stockée. Pour quel modèle agricole ? Pour quelle répartition ? Et pour l’instant, l’exemple de Sainte-Solline nous donne la réponse, l’Etat subventionne l’agriculture conventionnelle et les méga-bassines pour privatiser l’eau à l’avantage de quelques uns via ses institutions et programmés telles que la PAC, l’Agence de l’eau, les Assises départementales de l’eau, SYVOM…
Dans le cas de l’Ardèche, le projet pharaonique en préparation est la voie verte de l’eau pour alimenter les vignes du sud de l’Ardèche depuis le Rhône.
Bref, je crois que la discussion a digressé car en vérité l’association Développement et Patrimoine (dont certains membres doivent probablement être ici ce soir) a programmé plusieurs événements sur l’année dont le festival Trois jours pour l’eau (j’avais un flyer top mais je l’ai laissé à la ferme 😪 ).
Festival du film
La Conf paysanne locale souhaite organiser un festival du film en janvier 2024. La discussion tourne autour du sujet central, des films à choisir et du format de la présentation. Le sujet de l’eau revient, Jean-Claude le vétérinaire à côté de moi propose à la fois amusé à la fois sérieux Manon des sources. Un autre sujet est proposé autour de la Sécurité sociale de l’Alimentation. Matthieu Dalbé (?) propose des conférences gesticulées sur ce thème.
Le but est également de fédérer la population à la conf paysanne et de leur donner les moyens de les soutenir notamment via Les Ami.e.s de la Conf paysanne
Fête de la Conf
Je passe rapidement mais devinez quel va être le thème ? Je vous le donne dans le mille, l’eau ! Il souhaite inviter un poids lourd du domaine de l’hydrologie pour faire une présentation complète.
Sur ce point, Laëticia intervient : l’hydrologie est une science en développement dont certains sujets ne font pas encore tout à fait consensus. La Conf Paysanne doit connaître les courants et les nuances et ne pas écouter béate un unique orateur. Ça me rassure sur l’utilité de mon prochain boulot et le besoin des acteurs d’être correctement informés.
Le point convergence des luttes de la conf sera également l’occasion d’inviter différents militants de syndicats amis comme la CGT ou Sud. Pendant la grève de lanréforme des retraites, la Conf avait soutenu les cheminots en leur apportant des plats chauds.
Infos locales
- Bataille contre une déviation d’autoroute à Saint-Perret
- Soulèvement de la Terre le 17-18 juin dans la vallée de la Morienne en Savoie (je crois pour soutenir une ferme qui aide les migrants)
- Le camarade Wauquiez, président de la région Rhône-Alpes, sucre les subventions de Natura 2000 et n’invite que les Jeunes Agriculteurs (branche jeune de la FNSEA c’est à dire les pires, voir icipour comprendre leurs méthodes) aux commissions DJA (Dotations Jeunes Agriculteurs)
Bilan
Je me fait soutirer 20€ de force pour adhérer aux Ami.e.s de la Conf et j’en suis content.
La Conf Paysanne est organisée savamment entre territoires et se veut accessible à tous. Elle a ses propres organisations et salarié.e.s pour aider les paysans à s’intaller.
Elle est un concentré de gens intelligents, sympas, très bien informés et engagés corps et âmes. Rien que le fait de s’embarquer dans un projet de ferme bio est un engagement qui devrait tous nous rendre tous humble vu la charge de travail et les risques encourus. Je me demande bien d’ailleurs comment on peut être jeune et trouver le temps de militer à la conf.
Ça donne envie de la rejoindre !