J’arrive à Ölüdeniz, à côté de Fethiye car c’est le meilleur point de départ pour aller faire du parapente. J’ai suivi les conseils de Zoe qui m’a donné une bonne adresse.
Sur la couverture du Routard, la plage d’Ölüdeniz !
Ölüdeniz
J’arrive dans mon auberge de jeunesse, qui est quasi vide, ça fait bizarre. C’est pas grave je vais pouvoir me reposer. Ölüdeniz est une grosse station balnéaire avec beaucoup de restaurants, de magasins et d’activités. Ça ressemble plus à du tourisme à l’américaine j’aime pas trop ça.
En fin d’après-midi, je vais à la plage d’Ölüdeniz, on y trouve une grande concentration de bars, des bateaux pirates et de transats à louer. Il y a également une presqu’île recouverte de transats payants qui cachent une petite baie. C’est pas trop ma tasse de thé mais bon on est là, on s’installe sur la plage comme on peut. En levant les yeux au ciels, on voit une multitude de voiles de parapentes dans le ciel. Ils sautent tous de la montagne juste à côté.
Le repère des pirates
J’ai déjà réservé ma séance pour le lendemain, on part tôt à 8h. Je retourne à l’auberge et je croise une des seules voyageuses, Valentina, une russe originaire de Yakoutie et vivant à Saint-Pétersbourg. On discute un peu, je ne lui parle pas trop de la guerre, j’attends de voir si elle va m’en parler, mais le sujet n’apparaît pas (mis à part que ça l’empêche de voyager en Europe et de retirer de l’argent en Turquie).
Ça grouille dans le ciel !
Parapente
Le lendemain, une navette de l’agence de parapente vient me chercher à l’hôtel à 8h30. Elle m’amène dans un grand hall où l’on procède au paiement et où l’on attend les nouvelles. Ils viennent nous prévenir que le vent est assez fort ce matin et qu’ils n’ont toujours pas autorisé le départ des premiers parapentes.
Finalement, on embarque dans un bus qui va nous emmener jusqu’en haut. Je rencontre mon instructeur Mustapha, qui malheureusement ne parle pas très bien anglais. Le bus est rempli de chinois et de coréens, je suis le seul occidental.
On arrive tout en haut, et Mustapha me dit qu’on va attendre un peu parce qu’il trouve toujours le vent un peu trop fort. Surtout, il attend des nouvelles du sol, c’est le vent à l’atterrissage qui l’inquiète le plus.
J’attends là bien 1h en regardant des parapentes s’envoler jusqu’à ce que Mustapha vienne me chercher pour me dire qu’il est plus prudent d’annuler et que l’on ne sautera pas ce matin. Je suis un peu déçu mais je lui fais 100% confiance. En fait même, ça me rassure un peu car je n’ai toujours pas eu de nouvelles de mon assurance voyage AVI, ces voleurs. J’avais pris une assurance voyage pour la Turquie et leur interface web me l’a convertie en une assurance pour l’Union Européenne, comme si j’avais besoin de ça. Après les avoir contacté, impossible d’annuler, ou de me faire rembourser. Je peux seulement la convertir en payant un supplément, que je paie à terme. Evidemment le virement prend un peu de temps, ils ne veulent rien m’envoyer avant d’avoir reçu le paiement, ce qui fait que je me retrouve à faire du parapente sans assurance. Donc au final, non je ne ferai pas de parapente, tout est bien qui finit bien sauf mon porte-monnaie qui est à sec (lien Paypal en description). On est tout un groupe à redescendre de la montagne en navette.
J’aurais du avoir une photo comme Emanuele 😭😭😭
Heureusement, je me fais rembourser ma séance, mais on m’en propose une autre pour l’après-midi. J’attends de voir si les conditions changent avant de faire une nouvelle réservation. Ils me ramènent en navette à l’auberge malgré tout. Je planifie autre chose pour finalement.
Kayaköy
Robin, un cher ami à moi qui a vécu un an en Turquie, m’a fortement recommandé la vallée des papillons, mais c’est en fait un peu compliqué d’y aller, c’est une rando qui demande un peu de préparation et il fait déjà une chaleur accablante. Valentina que je retrouve à l’auberge me propose d’aller à Kayaköy, un village abandonné.
La basilique de Kayaköy
On arrive là-bas et c’est un très grand village que l’on découvre avec un grand nombre de chapelles et d’églises. C’est un peu étonnant, je n’arrive pas très bien à comprendre où je suis et pourquoi le village a été abandonné. Les panneaux n’indiquent pas grand chose sinon que le village était encore habité dans les années 1920. Ça sent pas bon tout ça.
En me renseignant un peu plus tard sur Wikipédia, je découvre une page sombre de l’histoire turque. Il se trouve que le destin de la ville de Kayaköy est lié aux grands bouleversements qui ont lieu à la fin de la première guerre mondiale. Je vous fait une chronologie simple :
- 1918 : l’Empire ottoman est vaincu dans la première guerre mondiale
- 1920 : le traité de Sèvres est signé entre les Alliés et la l’Empire ottoman. Ce dernier est démantelé :
- l’Arménie obtient son indépendance
- un projet de Kurdistan indépendant est mis en place
- les région d’Izmir et d’Edirne sont données à la Grèce
- la Syrie est mise sous protectorat français
- l’Irak sous celui anglais
- 1922 : le gouvernement républicain de la Grande assemblée nationale turque menée par Mustapha Kemal dit Atatürk l’emporte sur les armées grecques et arméniennes alliées au caliphat turc. Ce dernier est renversé, une République est instaurée.
- 1923 : le traité de Lausanne est signé et remplace le traité de Sèvres. Il prévoit un échange obligatoire des populations turques et grecques, événement nommé la Grande Catastrophe.
- 1 million et demi de grecs quittent les provinces de Turquie pour rejoindre la Grèce
- 500 000 musulmans quittent la Macédoine et l’Epire pour la Grèce
- Entre-temps a lieu des massacres, à Smyrne (Izmir), dans la région du Pont (Trébizonde) et des arméniens
Donc c’est une période d’épuration ethnique qui a lieu pendant toute cette période, l’Empire ottoman cosmopolite devient une République nationaliste turque. Durant toute la période de la guerre d’indépendance turque a lieu les génocides suivants :
Kayaköy est donc un vestige de cette époque. En moins de 5 ans, la quasi totalité des populations grecques de Turquie qui vivaient là depuis 2 millénaires et qui ont contribué au patrimoine immémoriale du pays ont été contraintes de quitter sans mot dire leur terre. L’arrivée massive de réfugiés en Grèce constitue près de 20% de la population et aboutit à des bouleversements de régime dont l’abolition de la monarchie au profit de la république en 1924.
Il est dit que les turcs musulmans ne souhaitaient pas investir Kayaköy par peur des fantômes qui y hantaient les lieux. Maintenant, pour rentrer sur le site il faut payer 4€.