Me voilà à Hambourg pour manger de la saucisse, boire de la bière, et aller faire la bringue dans les clubs libertins avec mes potes ! La vérité, j’arrive à Hambourg je suis complètement malade.
L’équipe devant les docks. Par ordre d’apparition : Léo, Louis, Pierre, Adé, Sam, Alice, Pierre
Je suis quand même trop content parce que je retrouve Sam et Adé qui viennent d’emménager ici à Hambourg, Louis et Alice de Brest et Pierre, un ami de Sam d’école (d’ingénieur) et Pierre mais je me souviens plus qui il connaît de base.
Week-end entre amis
Alice et Louis reviennent du fin fond de la Norvège, des Lofoten je crois, ils ont pris le train pour l’aller et ils prennent le train pour le retour. C’est plus loin qu’Istanbul ! On a fait la course pour savoir qui arrivera le ou les premiers à Hambourg. Bien sûr j’ai gagné parce que je suis le meilleur tout simplement.
Le zen à l’allemande
Premier restau dans lequel nous amènent Sam et Adé, un restaurant turc !
Au même moment que je suis au restau, je reçois un message de Tristan, un ami d’école (primaire). Avec Louise sa copine, ils sont en correspondance à Hambourg pour retourner à Stockholm où ils travaillent tous les deux. Vraiment bizarre, en 3 mois de voyage, je n’ai vu aucun de mes amis et voilà maintenant que je rate l’un parce que je vois l’autre. Tristan et Louise ne peuvent malheureusement pas nous rejoindre, ils ont réservé un train de nuit et ne peuvent pas le manquer juste pour me faire plaisir.
Plein de grues, j’adore les grues
Le lendemain avec toute l’équipe, nous visitons le port d’Hambourg et les docks. On goûte les fameux Fischbrötchen de Hambourg, sorte de poisson pané, mais bien plus qualitatif. On passe dans le quartier des grands hangars.
Les docks emblématiques d’Hambourg très rectilignes, la fonction avant tout. (ya des gens devant qui gâchent la photo)
Le dimanche, je suis dans un état larvaire, et il ne fait pas spécialement beau les copains décident de rester à l’appart avec moi. Adé et Sam font superbement bien la cuisine je mets 5/5 sans hésiter. J’en profite pour offrir pour le dessert les baklavas que j’ai ramenés d’Istanbul. Ils valent pas le premier baklava que j’ai goûté de mon voyage en Grèce et en plus ils perdent de leur originalité puisqu’on vient d’en manger au restau turc. J’avais ramené d’autres cadeaux un peu marrants, notamment une casquette d’une corvette militaire turque pour Louis et Alice et pour Sam et Adé, j’ai pris un Noble Coran. Mais vu la tête de ces derniers, ça n’a pas l’air de leur plaire. Bizarre, Sam m’avait pourtant dit penser à se convertir.
Pierre nous parle de son boulot et de l’holocratie, une méthode de management dans laquelle tout le monde fait tout ce qu’il veut. Un concept auquel j’adhère totalement immédiatement.
Le donjon des méchants dans un film avec des gentils et des méchants (ou un film SM)
Purge de la maladie
Pour Alice et Louis, le lundi c’est le départ, ils partent tôt dans la matinée, ils font le trajet Hambourg Brest en une journée, en rentabilisant au maximum le pass Interrail. Idem Pierre rentre dans la journée.
Pour ma part, je décide de rester quelques jours chez Sam et Adé le temps de me rétablir pour ensuite envisager la suite. Je passe donc trois journées cloîtrés avec Sam qui est en télétravail. Ça lui fait un bon collègue pour les pauses café et midi. Sam a le courage de m’affronter aux échecs alors que j’en ai fait en école primaire. Finalement, je ne gagne pas mais j’ai ma petite victoire avec la goutte de sueur que j’ai vu perler sur la tempe de Sam.
Pendant le temps où il “travaille” (je sais très bien qu’en vérité il ne fait que s’entraîner sur chess.com pour être sûr de me battre), je continue d’écrire mes articles, ainsi que de préparer mon trajet de retour.
Avec le pass Interrail, c’est on ne peut plus compliqué ! Le système fonctionne très bien en Allemagne où il n’est pas nécessaire de réserver des sièges, mais avec la SNCF c’est différent. Celle-ci ne joue pas le jeu entièrement. Tout d’abord, il faut payer pour réserver une place avec le pass Interrail. Un trajet est de l’ordre de 20€. Ensuite, les places attribuées à Interrail sont limitées sur chaque train, c’est généralement une proportion du nombre de sièges du train. Mais la procédure est très opaque. Enfin, le site de réservation Interrail est mal conçu, il présente des trajets dont les places ont déjà été vendues. Le mieux est d’appeler directement la SNCF, leur logiciel en interne présente les trajets réellement disponibles et le nombre de places restantes.
Finalement je trouve un trajet en deux jours, en partant le lundi suivant et en arrivant à Brest le mardi qui suit. Je vais pouvoir profiter de l’Allemagne et utiliser le grand nombre de jours qu’il me reste sur mon pass Interrail.
Miniatur Wunderland
Le mercredi, je me rétablis enfin ! J’en profite pour retrouver le grand air et sur les conseils appuyés de Sam je vais voir un incontournable pour les allemands à Hambourg, comparable au Parthénon à Athènes, à la place Saint-Marc à Venise, à Sainte-Sophie à Istanbul : le Miniatur Wunderland.
Le Miniatur Wunderland est un musée de la miniature, des paysages, des villes, des scénarios, des personnage reproduits au format miniature entre lesquels passent des trains. Je serai devenu fou si j’étais venu ici petit ! Il y mille recoins, mille scénarios, milles moments de vie. C’est du pointillisme dans lequel on peut zoomer.
Rio de Jaineiro
Scène ér0tique à Rio de Janeiro. De l’autre côté de la maison il y a un cambriolage qui tourne en prise d’otages. Celui qui a créé la maison avait des idées sombres ce jour-là.
Venise et Le Rialto comme si vous y étiez
Une des meilleures pièces, la salle de contrôle 😍😍😍 Tout est ici automatisé, c’est le paradis de l’informaticien
Parc d’attractions rempli de personnage et découverte d’un corps dans le bocage de Bavière
Je ne l’ai pas montré en photo, mais une des parties les plus intéressantes est l’aéroport qui est entièrement automatisé avec des avions qui décollent, atterrissent, viennent se garer dans leur spot.
La veille, Sam et Adé ont découvert que je n’avais jamais vu le film Le Dîner de cons. Donc on l’a regardé ensemble et voilà aujourd’hui que je paye 30€ pour voir l’œuvre de personnes qui auraient parfaitement pu participer au dîner. Qui est le con maintenant ?
D’ailleurs, j’ai payé 30€ mon ticket trois fois pour visiter des monuments durant mon voyage : le Palais des Doges à Venise, le Palais de Topkapi à Istanbul et le Miniatur Wunderland à Hambourg. Mais franchement ça valait le coup à chaque fois.
Lübeck et Brême
Je passe ensuite les deux derniers jours dans les fameuses villes de la ligue de la Hanse Lübeck et Brême.
Holstentor de Lübeck, siège de la ligue de la Hanse
Les deux villes sont très belles à n’en pas douter mais j’ai un peu la flemme de vous en faire la description. Par contre j’ai envie de vous parler de ma rencontre avec Abdulrahman, un Syrien installé depuis récemment en Allemagne. Je le rencontre à Brême via Couchsurfing Hangout, on va prendre un café.
Brême, sa statue de Roland, son hôtel de ville, sa cathédrale et sa Marktplatz
C’est un peu deux planètes qui se rencontrent, même si Abdul n’a pas connu la guerre en Syrie, rien ne s’est offert à lui. Il a émigré avant la guerre en Turquie où il a commencé des études de médecine, une partie de sa famille l’a rejoint lorsque la guerre civile a commencé. Il a obtenu la citoyenneté turque si je me rappelle bien mais pas sa famille encore. Puis il a continué son cursus en Allemagne, où il a du apprendre la langue et se faire aux dialectes et intonations locales. Il s’arrache à chaque fois pour réussir. La discussion est un peu étrange, parce que moi je reviens d’un voyage de 2 mois de pur hédonisme et lui est en train de cravacher à l’hôpital pour pouvoir enfin avoir une vie normale. Le décalage est palpable.
On parle pas mal de la Turquie ensemble. Il aime le pays mais me confirme le racisme anti-arabe qui existe là-bas. Il faut se rappeler que l’Empire ottoman a dominé pendant des siècles en Syrie. Il y a une relation colonisateur-colonisé. Pour lui l’Empire n’a rien apporté à la Syrie (contrairement à l’Empire romain). Je m’avance peut-être en disant que les turcs se considèrent pour partie supérieurs aux arabes. Cependant pour en revenir à la politique turque moderne, c’est paradoxalement Erdogan qui est un protecteur des populations arabes émigrées. Il m’explique que les partis d’opposition comme le CHP veulent pratiquer une politique de rapatriement (ou de réémigration dit autrement). Par ailleurs, il n’est pas non plus un grand fan d’Atatürk, il ne comprend pas le fanatisme des turcs pour un personnage qu’il considère (à juste titre) comme un dictateur qui a commis des crimes de guerre contre les kurdes.
On en vient à parler également de la Syrie et de Bachar Al-Assad. Et là on rentre dans le dur, Difficile de faire plus sombre que la guerre civile en Syrie. En plus, je marche un peu sur des œufs parce que le parti de Bachar est le parti Baas ou parti socialiste de la résurrection arabe, un parti socialiste et nationaliste. On pourrait donc penser que le parti est “de gauche”. Cependant rien n’est moins sûr tant la notion de socialisme est malléable : Hitler était à la tête du parti national-socialiste tandis que Mussolini dirigeait le parti socialiste italien. L’allié du parti Baas en Syrie est d’ailleurs le parti social nationaliste syrien. Je vous laisse cliquer sur le lien et jeter un coup d’œil au logo, c’est cocasse. Les doctrines de ces partis s’opposent viscéralement au marxisme, ce qui est généralement un bon indicateur pour démasquer les gens qui se prétendent socialistes mais qui ne sont que des fascistes en réalité. On pourrait parler de Staline qui revendiquait le marxisme mais s’appuyait fortement sur les questions nationales et établissaient des différences de traitement sur des bases ethniques, mais c’est un autre sujet.
Bref Abdul m’explique la propagande qu’il a entendu à l’école. Evidemment il déteste Bachar. Mais il n’est pas devenu farouchement anti-socialiste par ailleurs. Sa condition première et indéfectible est le respect des droits humains et des individus.
Je le sens en décalage avec moi, mais en vérité il est en décalage avec le monde occidental. Les gens ici ne pensent qu’à profiter, ne font que prendre des cafés et boire des coups comme nous actuellement. Ici je peux user de mon expérience militante et de mes quelques connaissances. Oui beaucoup de gens en Europe ne vivent que d’hédonisme, se coupent de tous les problèmes. Cependant, ce n’est qu’une partie de la population, celle qui appartient aux classes supérieures, celles de la classe de loisir de Veblen. Une classe de gens qui travaillent dur et subit tout s’affiche moins au café, il y a des sentiments noirs qui grandissent de manière souterraine. Et puis quand Abdul aura des enfants, ceux-ci feront partie de la classe de loisir c’est certain, il faudra bien qu’il négocie avec eux.
D’ailleurs il a eu une copine bretonne, je sais pas comment et j’ai pas réussi à en savoir plus. Il me raccompagne à la gare et l’on se quitte chaleureusement.
Week-end en petit comité
Je retrouve Sam et Adé le week-end. Vu qu’on se retrouve entre mecs (des vrais, pas des faux), Sam me dévoile l’existence d’un quartier chaud dans lequel certaines rues sont interdites aux femmes : le quartier de Reeperbahn.
Reeperbahn de jour
On s’y rend en pleine journée, l’ambiance est … spéciale. Je ne savais pas que la prostitution était légale en Allemagne. Au moins ici, je n’ai plus de doute. Sam se précipite dans un établissement de mauvaise fortune, heureusement, je le retiens par la force l’empêchant ainsi de commettre l’irréparable. Bon l’ambiance est glauque, on veut se prendre un café, mais pas à côté des proxénètes ou des consommateurs. On sort du quartier et on va dans un bar plus sympa. C’est une bonne chose de constater que ces réseaux criminels ont pignon sur rue car les méthodes de recrutement des filles sont souvent sordides. Je ne vais pas ouvrir ici tout un chapitre sur les guerres entre pro-sex et les abolitionnistes, mais tout le monde peut se mettre d’accord pour protéger les mineures et les personnes précaires qui sont les premières cibles de ce fin commerce.
On rejoint ensuite Adé en ville, le plan c’est d’aller voir Oppenheimer, Sam et moi arrivons juste à l’heure mais c’est déjà trop tard, la salle est complète !
Grosse déception, on va se réconforter en allant prendre un énorme chocolat chaud dans un café à côté et finalement virage à 180°, nous décidons d’aller voir Barbie. C’est moi qui suis la plus contente entre Sam et Adé.
Ma critique du film : Barbie a traité du féminisme de A à Z.
(Retrouvez ma prochaine critique dans les Cahiers du cinéma sur le très prometteur film Chien de la casse.)
On va boire un petit coup après le film. Sam et Adé sont loins en Allemagne donc je n’ai pas toujours le temps de les voir. Heureusement je peux enfin annoncer une grande nouvelle : Adé a accepté de venir en Bretagne après que je l’ai convaincu avec moult arguments de la qualité de vie à Brest, de la beauté de la ville, de la météo radieuse et de la diversité des bars. Sans vouloir me vanter, je viens de résoudre l’équivalent du conflit israëlo-palestinien. Car pour contexte : Sam est un breton du Haut-Corlay tandis qu’Adé vient de la région de Lyon. Revenir en France et savoir où s’installer est un débat jusqu’à maintenant inépuisable où chacun défendait sa chapelle. Mais Adé est sortie de l’erreur et je la félicite pour cela.
En rentrant, à l’appart, je leur offre un deuxième cadeau pour les remercier de m’avoir héberger une semaine de plus. J’avais acheté deux petits oiseaux en céramique chez le brocanteur qui parlait français d’Istanbul (si vous vous rappelez de lui). Je les avais pris pour moi initialement pour les cacher sur des étagères en hauteur, mais finalement ils seront beaucoup mieux à Hambourg, le climat est moins venteux, et je n’accentuerai pas encore ma déco de pépé. En plus, le destin me fait un signe, dans les toilettes, Adé a installé une petite boîte à musique depuis laquelle on entend les oiseaux chanter à chaque fois qu’on entre. C’est là que doivent être mes oiseaux.
Mes petits oiseaux dans les toilettes !
Merci beaucoup Sam et Adé ! Gros bisous de Brest !
Retour à Brest
Je prends tôt le train pour Paris, j’y fais une étape avant de rejoindre Brest le lendemain. Mon frère Simon m’accueille ! J’arrive tard et je repars tôt le lendemain mais on discute un peu sur mon voyage. Je suis presque à la fin et j’ai hâte de retrouver mon appartement. Cependant comme le goût de l’aventure ne m’abandonne pas, je décide d’enfin utiliser mon tapis de sol que je trimballe depuis trois mois sans l’avoir quasiment jamais testé. Au lieu de dormir dans le canapé, je dors sur mon matelas. Et bien je confirme que c’était une idée de merde. Je me réveille avec des bleus sur les hanches et la tête dans le cul. J’ai dormi d’un demi sommeil et je n’ai pas eu la conscience suffisamment éveillée pour me déplacer dans le canap.
Je reprends le train et finalement, j’arrive à Brest ! (Meilleure ville au monde)
La bonne vieille mairie soviétique qu’on aime n’a pas bougé d’un poil !
Conclusion
Voilà trois mois de voyage accomplis ! Je reviens heureux à Brest. Je vais enfin pouvoir me reposer avant de reprendre le travail. Finalement mon voyage aura été assez politique même en faisant un parcours que tous les tour-operators auraient pu proposer. Peut-être que c’est juste moi qui ai simplement une inclinaison vers ce sujet.
Les rencontres ont toujours été chaleureuses, c’est finalement ce que je préfère dans un voyage !
PS.
Svp Adé et Sam, ne m’attaquez pas en diffamation pour ce que j’ai pu dire dans cet article, ils ne restent que vous à lire mon blog à présent.