Kaş, it's Turkey mate! - Turquie

Départ pour la Turquie ! Depuis Rhodes on peut s’y rendre en seulement 1h30 en ferry et pas besoin de préparer un visa on l’obtient directement à la frontière (l’inverse n’est pas vrai pour les turcs). Depuis Rhodes on peut aller au choix à Marmaris ou Fethiye. Pour le coup, j’ai réservé 10 jours d’auberge à Kaş une ville à 2 heures en bus de Fethiye.

arrivée Fethiye

Arrivée à Fethiye, c’est tout de suite plus vert que Rhodes

Je fais le voyage avec Adrian et Emanuele qui par hasard se rendent aussi en Turquie. On s’arrange pour prendre le même bateau. On fait bien la paire tous les trois, Adrian et Emanuele sont tous deux italiens et moi je me balade avec mon maillot Italia.

Emanuele est sur un voyage de plusieurs mois, il était en Asie du Sud-Est et il a pour projet de repartir là-bas et d’aller jusqu’en Australie. Tous les deux s’arrêtent à Fethiye dans des auberges différentes tandis que je reprends un bus pour Kaş. Je suis un peu déçu de les abandonner, je m’entendais vraiment bien.

Arrivée

J’arrive à Kaş de nuit. Truc un peu bizarre, le bus se fait arrêter par la police et tous les papiers sont contrôlés. On arrive dans une station balnéaire pas dans une ville frontalière, c’est comme si en allant à la Grande-Motte on se faisait contrôler, ça n’a pas beaucoup de sens, même du point de vue d’un régime autoritaire.

J’arrive tard et je me rends compte que mon auberge est en fait vachement loin du centre-ville, au moins 1h à pied. Elle est située tout au bout de la presqu’île de Yarimadasi. J’ai pas été très malin mais tant pis. Je prends un taxi (180₺ ou 20€).

kas centre La Turquie nationaliste ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler

En venant à Kaş, j’ai choisi un endroit au croisement de plusieurs recommandations du Routard :

  • les cités antiques dans la vallée de Xanthos
  • la plage de Patara
  • la voie lycienne
  • les ruines d’Arykanda
  • la baie de Kekova.

Dans les articles suivants j’essaierai de les couvrir.

Soirée

Ok l’auberge est super loin mais elle est cool, on a une piscine, et une vue mer avec coucher du soleil, et le matin on a un petit dej de folie. Le tout pour 21€ la nuit. En plus cadeau d’arrivée, j’ouvre mon tiroir réservé dans l’auberge et je trouve 6 bières et une bouteille d’un litre de San Pellegrino. Je vérifie bien que c’est à personne, mais non c’est un pirate qui a oublié son trésor ici. C’est un comble pour moi qui ne boit pas d’alcool, j’arrête pas d’en recevoir par hasard. J’en offrirai, ça me permettra de socialiser.

Les premiers jours je végète. Je rencontre surtout des Australiens, ils sont vraiment partout !!! Dans les premiers, je rencontre Claire et Sam (je sais pas très bien s’ils sont en couple ou juste en balade tous les deux) qui sont dans ma chambre. Ensuite je rencontre Ted, un australien qui prend des cours de free diving c’est à dire de la plongée en apnée. Il a battu son record personnel et est allé jusqu’à 25m ! C’est avec Ted que je m’entends vraiment le mieux. C’est bizarre quand le courant passe bien. La situation des turcs l’intéresse, on sent qu’il est empathique et qu’il joue à Civilization ou Crusader King.

La première soirée, on sort avec les backpackers et les gens qui travaillent à l’hôtel. C’est tout un convoi de voitures pour se rendre à la boîte.

chien bar Le chien se met bien sur le bar de l’hôtel

On va dans un premier bar, je fais connaissance avec peu tout le monde, puis on va dans un club en face de la mer avec un DJ plus techno, mais c’est pas du goût de tout le monde et finalement on rentre assez tôt à 2h du mat.

C’est la deuxième partie de la soirée qui est plus marrante, tout notre dortoir est éveillé et personne n’a envie d’aller dormir. Il y a 6 lits dans la chambre,4 sont occupés par des australiens, 1 autre par une fille qui se couche tard et puis il y a moi. En plus de Ted et de Claire il y a Twirley et Aimee, deux australiennes un peu hippies. Je suis autant que je peux les discussions d’australiens bourrés à 3h du mat pleine de références qui m’échappent, je m’en sors pas si mal quand même et Twirley me dit que j’ai pas un accent français quand je parle anglais ça fait plaisir. Difficile d’intervenir pour faire des blagues aussi.

Coucher du soleil

Le lendemain, je rencontre Jad, un marocain qui bossait dans les RH qui se reconvertit dans la photographie. Jad a une énergie qui se partage. C’est lui qui organise avec Gabe, un américain, la sortie de ce soir. On va privatiser un bateau pour aller voir le coucher du soleil. À 16h, on est 10-12 à monter sur le bateau, on a chacun payé l’équivalent de 10€!

Discussion Chill sur le bateau

Raishan et moi Mon pote Raishan et moi

Le bateau va s’ancrer dans une première baie. On peut sauter du pont, de la proue, de la poupe. L’envie me prend de faire un backflip alors que j’en ai jamais fait (sûrement pour impressionner les filles et intimider les garçons). C’est une réussite ! Je les enchaîne. Pendant ce temps-là les autres jouent aux gens cools, je vois qu’ils se connaissent depuis un peu plus longtemps, qu’ils ont des affinités d’australiens et qu’ils y a des petites amourettes. Je ne suis pas dans le coup. Donc j’avoue ne pas trop m’intéresser aux conversations.

instagram Où suis-je sur cette photo ?

Le bateau se rapproche de l’île grecque de Megisti, pour mieux voir le coucher du soleil. Et oui il y a une île grecque juste en face de Kaş à 2km à peine des côtes turques. C’est dingue que l’île appartienne à la Grèce surtout vu son isolement vis-à-vis du reste de l’archipel.

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L’eau est vraiment claire et turquoise c’est magnifique, on peut voir à 5m du fond. D’ailleurs j’apprends dans mon guide que le mot turquoise vient justement de Turquie ! Les turcs s’appelaient eux-mêmes les turquois d’où par la suite la couleur turquoise pour faire référence à la couleur de l’eau des côtes turques. Par contre je suis un peu étonné de l’absence de poissons ou même d’algues, ça a l’air un peu mort. À la Ciotat de l’autre côté de la Méditerranée c’était impressionnant de vivant.

photo coucher de soleil Beaucoup trop de testostérone sur cette photo

Jad est le seul qui parle français, il est fan des poètes souffis, la branche mystique de l’Islam, il souhaite voyager dans différents pays du Moyen-Orient, Iran, Ouzbékistan, Israël, Palestine. En parlant Palestine, forcément on en vient à discuter politique. Je sens que c’est assez secure pour dire que je suis militant à la FI, ça tombe bien il aime bien Mélenchon. Bon après faut vraiment que je me fasse un ne-pas-dire-que-je-suis-insoumis challenge mais ça me brûle la langue. Avant c’était avec la Bretagne.

soleil couché Le soleil se cache déjà derrière l’horizon

On rentre de nuit, on voit les belles lumières de Kaş. Après avoir débarqué, on cherche un restau, je propose des mezze pas trop loin, j’arrive à déplacer tout le groupe jusqu’au restaurant mais les gens ne sont pas convaincus (Jad est le mâle alpha, moi je suis zigma dans cette situation). Certains sont prêts à aller dans une pizzeria. C’est hors de question.

Finalement avec Cemre et Turgail on retourne dans le restau de mezze et on se régale. Turgail est prof d’allemand et de turc en Allemagne. Mais j’aurais pas trop le temps d’en savoir plus sur elle malheureusement.

Cemre et Turgail restau Turgail Cemre et moi au restau de mezze

Cemre quant à elle est une turque originaire d’Adana, la capitale du döner kebab. Elle travaille dans l’usine de production de Doritos en tant qu’ingénieur qualité. On discute beaucoup ensemble. Elle n’hésite pas à parler de l’inflation et de sa détestation de Erdoğan. Elle m’explique que les turcs parlent beaucoup politique, mais c’est parce qu’ils ont la tête sous l’eau. Sa mère est membre du CHP (parti républicain du peuple) classé centre gauche et membre de l’internationale socialiste comme le PS en France. Dans ma tête, ça sonne donc comme une alarme “danger”. Tu m’étonnes que les turcs votent Tayip. Le CHP est historiquement le parti d’Atatürk dont il faudra qu’on parle absolument.

Cemre ne cautionne pas trop le parti, elle préfère les enseignements d’Atatürk, mais c’est la seule alternative pour sortir d’Erdoğan. Malheureusement la coalition qui s’est formée contre Erdoğan a échoué aux dernières élections présidentielles du mois de mai (Erdoğan : 52%, Kılıçdaroğlu : 48%, participation : 84%). Et entre temps l’inflation a bondi, divisant la valeur de la monnaie par 2 et faisant fondre au passage les pécules accumulés sur les comptes en banque des turcs qui pouvaient se le permettre.