Je dépose ma voiture juste à temps à Héraklion, je dis au revoir à ma petite Kia Picanto, et je rejoins la gare d’autobus en croisant les doigts que ce soit la bonne. Je repars pour Sitia pour la suite. J’aurais donc traversé toute la Crète d’une seule traite d’ouest en est.
Excellente idée ces lumières, à importer à Brest
Fiona la future archéologue
En attendant le bus pour Sitia, je remarque une fille assise juste à côté de moi, avec des grosses chaussures de chantier et une énorme valise. Ça fait un gros contraste donc je lui demande pourquoi elle a à la fois les chaussures et la valise. Elle s’en va faire un chantier archéo ! Fiona est aussi française, elle vient d’Arras et elle a terminé son master à Aix-En-Provence. Elle va étudier le site d’Itanos situé à l’extrémité nord-est de l’île sous la direction de l’Ecole Belge d’Athènes. C’est un port de l’époque classique et romaine. On y trouve des maisons, des églises, une nécropole.
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On est tous les deux épuisés mais on passe tout de même le voyage à discuter. Fiona est spécialisée dans les civilisations italiennes de l’âge du fer (800 av. J.C.). Elle a fait beaucoup de terrain en Sicile notamment. Elle a déposé un projet de thèse à l’école française d’Archéologie soutenue par la directrice de son mémoire pour étudier les classes populaires siciliennes à l’époque romaine. Malheureusement pour elle, un autre projet a été préféré, la compétition est rude dans le milieu et les budgets serrés. Elle pourra représenter son projet l’année suivante. Il faudra juste trouver une occupation pour l’année car malheureusement les missions d’excavation sont faites à titre bénévole (on paye au moins l’hôtel et le manger)
Je lui demande quand même au cas où s’ils ne recherchent pas des volontaires. Ok le travail n’est pas facile, il faut commencer au lever du soleil à 6h, puis excaver avec patience en grattant au pinceau les couches de terre jusqu’à 14h (après il fait trop chaud pour faire quoi que ce soit), mais en retour on passe des moments sympas avec un bon groupe de personnes passionnées. Malheureusement je ne peux pas y participer, il faut avoir fait les bonnes études, les étrangers au milieu ne sont pas invités. Où alors il faut connaître les bonnes personnes. Car oui pas de mystères, l’archéologie est un petit milieu, entretenir son réseau est essentiel à la poursuite de sa carrière.
L’hôtel le moins cher que j’ai pu trouver a encore une vue mer et en plus est juste à côté de l’embarcadère duquel je partirai pour Rhodes. Je vais manger sur un restau du port pour le soir. Le port est éclairée et la lune est grosse, l’ambiance est au rendez-vous.
Géoparc de Sitia
Le plan du lendemain c’est de louer un scooter ou une voiture pour aller voir la vallée de Zakros et voir deux trois plages aussi.
Le réveil est difficile, je commence à sentir le contrecoup des journées à fond les ballons. Je vais voir pour un véhicule, yavait cette agence de scooter qui avait l’air pas mal, l’agence est ouverte et les scooters sont dispos, mais personne dans le bureau. J’ai beau appuyer sur la clochette et même appeler le téléphone, personne ne sort de derrière les fagots. Finalement je trouve la seule agence qui a une voiture de dispo pour 50€ la journée c’est un peu cher mais tant pis. J’aurais préféré le scooter, c’est vraiment plus sympa.
Évidemment en partant de l’hôtel, j’ai oublié de prendre serviette et maillot de bain, j’y retourne en voiture, mais le dédale de Sitia, entre démarrage en forte côte, sens interdit, virages à angle aigu, me fait bien perdre 30 minutes pour juste me rendre à l’hôtel.
Finalement je suis parti, je commence par traverser le Géoparc de Sitia, avec ses petits villages. J’avoue que j’ai un peu de mal à comprendre en quoi consiste ce géoparc. Il paraît qu’il y a des fossiles. Je repère un chemin de rando, je m’y arrête en pensant faire 15-30 minutes de marche. Le chemin amène a une grotte perdue au milieu d’une plaine rocheuse. C’est bizarre. Je ne pousse pas plus l’analyse et je remonte.
Une grande plaine aride puis boum une grotte posée là
Je ne vois pas trop le chemin, mais je me dis au feeling, “je viens de par là au pire je retrouverai la route”. Après 10 minutes de marche clairement je ne venais pas de par là, je recours à mon téléphone et son GPS. Comment faisait-il à la préhistoire pour se repérer sans GPS ? Bref en tout cas j’ai pris le sens inverse. Je dois me déplacer dans ces broussailles bien piquantes.
Je retrouve finalement mon chemin, ma voiture et les deux chiens qui n’arrêtent pas de m’aboyer dessus. Je reprends la voiture et je fais un stop dans le restaurant recommandé par le Routard. C’est délicieux mais je ne sais pas comment le restau fait pour tourner, je suis le seul client. Ils font des tapenades d’olive à tomber par terre alors que je n’aime personnellement ni les olives ni les tapenades.
La Vallée des morts
Je me rends enfin à Zakros et je me gare en haut du canyon. On verra bien comment on fait pour récupérer la voiture. La vallée est surnommée la vallée des morts, aucune idée pourquoi.
Le haut de la vallée est superbe, je n’ai jamais vu une terre avec cette couleur violette, et recouverte de lauriers. Encore une fois, les chèvres nous accompagnent, on ne se sent jamais seul.
Regardez ces couleurs !!!
Les belles formations rocheuses de Zakros
C’est bien de vivre là pour une chèvre
Palais minoen de Zakros
En arrivant en bas de la vallée, on tombe sur un des derniers palais minoen. On s’y balade très bien, on imagine les habitations, les rues, les échanges. La lumière du soir rajoute un petit plus.
Vue générale du site
Le Palais à étages, le chemin vers la mer (dans tous les palais) et une petite maison avec le palier à marches et une colonne au milieu de la pièce
Stop à la plage
Juste à côté il y a une plage mais je suis pas trop tenté de faire trempette. Je dois trouver un moyen de retrouver ma voiture en premier pour me prévenir de toute mauvaise surprise. Le Routard conseille le stop.
Je me lance. Heureusement j’ai une bonne tête, un look de touriste et puis les gens sont en vacances ici. Un couple de grecs de Thessalonique me fait monter dans leur voiture. Le compagnon a fait la Sorbonne et est assez content de pratiquer un peu son français, qui a quand même bien rouillé, j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qu’il me dit. Mais une douceur se dégage du couple. J’aurais aimé passer un peu plus de temps avec eux mais nous voilà déjà à la voiture. Je les remercie chaleureusement.
Je repars en voiture vers une plage dite faite pour les planchistes et kyte-surfers. Bon, ils ont tous remballé mais l’endroit est sympa. Je me baigne dans une eau beaucoup trop salée, je n’ai quasiment pas besoin de nager. Je découvre que lorsque mes poumons sont plein d’air, je flotte, lorsque je l’expulse, je coule. Donc je fais le yoyo tout seul, ça me fait trop marrer.
Comme un paysage de Dune non ?
Je ramène la voiture, le père du loueur ne vérifie ni la voiture ni le niveau d’essence, j’ai juste à rendre les clefs. Je retourne à l’hôtel et comme la nuit dernière j’entends de la musique dans le coin. Je vais demander à la réception : il y a un festival de musique et de danse traditionnelles crétoise juste à côté ! Malgré ma fatigue, je vais faire un tour. On me laisse rentrer gratuitement. Malheureusement, mon téléphone est sans batterie, donc je n’ai pas pu prendre de photos.
Je rentre finalement peu avant la fin du concert à l’hôtel pour préparer mes affaires pour le lendemain. Le départ est à 6h du mat. Encore une petite nuit.
C’est moi ou les tableaux de l’hôtel ressemblent vraiment à la Bretagne ?